Comme son nom l’indique, la Toussaint est la fête de tous les saints. Chaque 1er novembre, l’Église honore ainsi la foule innombrable de ceux et celles qui ont été de vivants et lumineux témoins du Christ.
Découvrez ci après une vidéo sur cette grande fête catholique :
Cette intégration n’est pas une simple adhésion comme lorsqu’on dit, par exemple, qu’on est membre du corps enseignant ou de tel parti politique. Notre appartenance au corps des « saints » est vitale, en ce sens qu’il n’y a pas de vie possible en dehors de cette connexion.
Trésor commun
Heureusement, on peut être relié sans le savoir, par exemple quand on a une âme de pauvre, quand on se démène pour plus de justice etc. Si bien que la Toussaint est aussi, paradoxalement, notre fête.
D’ailleurs le Nouveau Testament appelle « saints » l’ensemble des membres de l’Église, les baptisés (voir, entre autres, Éphésiens 1,1). Un pas de plus: cette solidarité implique une communauté des biens. En d’autres termes, les « performances » accomplies par les saints du passé m’appartiennent et toutes valeurs que nous acquérons sont versées intégralement au trésor commun.
La fête de la Toussaint est aussi la fête de la communion des saints: nous sommes sous le régime de la communauté des biens. La description quelque peu idyllique de l’Église primitive au début des Actes des Apôtres (les croyants apportant tous leurs biens aux Apôtres en vue du partage) peut très bien signifier cela.
Pris dans « la nuée de témoins »
Cette communauté de biens peut nous aider à supporter le fait qu’aucun d’entre nous ne peut tout assumer. À voir les visiteurs des prisons, les combats de l’abbé Pierre ou de mère Teresa, les performances de certains d’entre nous en matière d’évangélisation etc., on peut se reprocher de ne pas faire grand-chose…
Prenons conscience du fait que c’est le corps entier qui assume toutes les tâches. 1 Corinthiens 12 insiste sur le fait que le pied n’accomplit pas le même travail que la main ; l’œil ne parle pas, la bouche ne voit pas. Il y a un seul Esprit mais les dons et les fonctions qu’il assigne sont différents. Ce que chacun accomplit est propriété de tous. Ce que nous faisons de bon va au fonds commun, le mauvais se perd dans l’oubli et n’est attribué à personne. Le mal ne se partage pas.
Il résulte de tout cela que lorsque nous nous présentons devant Dieu, nous ne sommes jamais seuls, avec nos « bonnes actions » et nos misères. Nous sommes entourés par « la foule immense de témoins » dont parle Hébreux 12,1, expression que l’auteur emploie à propos de l’énumération des « saints » bibliques et de leurs exploits qui occupe tout le chapitre 11. Quand nous prions tel ou tel saint d’intercéder pour nous, nous signifions d’une manière quelque peu rudimentaire cette réalité de notre solidarité avec eux. Avec ceux que nous connaissons et ceux que nous ignorons.
Victoire de Dieu, victoire de l’homme
Dans la multitude des membres du corps ecclésial du passé et du présent, sans doute aussi de l’avenir, il y a certes des membres plus remarquables que d’autres. Pour reprendre la métaphore du corps humain (1 Corinthiens 12), disons que le cœur est plus important qu’un doigt de la main. Mais Paul précise que ce sont les membres les plus humbles qui réclament le plus de soins. Il reste que l’Église signale à notre attention des hommes et des femmes dont la vie s’est davantage conformée aux Béatitudes lues aujourd’hui. Ils nous sont proposés en exemple et nous montrent que suivre le Christ parfaitement nous est possible. On peut dire qu’ils l’ont imité, mais de façons tellement différentes que nous pouvons comprendre que l’imitation du Christ n’est pas matérielle : c’est autrement, dans d’autres conditions, dans d’autres cultures, avec des tempéraments différents que les saints ont mis leurs pas dans ceux du Christ.
La Toussaint célèbre la victoire de Dieu et la victoire de l’humanité sur les puissances du mal. Réussite de Dieu, réussite de l’homme. Reste la question posée à propos de tous ceux qui ne sont pas entrés dans la logique des Béatitudes, qui n’ont pas su, pour des raisons très diverses, imiter le Christ. N’oublions pas que ce que nous appelons « sainteté » n’est autre que l’amour. Or qui dit amour dit pardon. Le dernier mot en est la miséricorde. Il y a quelque aberration à faire de la Toussaint une fête de tristesse et de deuil.
source : https://croire.la-croix.com/Definitions/Fetes-religieuses/Toussaint/Tous-solidaires-tous-saints